du musée du quai Branly.
Merci pour vos attendues réponses à : afcel@dbmail.com
*****
C… a dit… Voici la réponse (transmise par une collègue de la BIULO avec vos informations) : en fait, c'est de la translittération d'un nom occidental et il fallait lire Lusian Biton = Lucien Biton, qui a effectivement laissé le souvenir d'une "splendide bibliothèque" (cf Yves Bonnefoy voir ici : http://www.gallimard.fr/catalog/Html/actu/promeneur-enquete.htm#bonnefoy).
Un grand merci pour votre aide !
Extrait du site Gallimard
… mais je me sentais tout de même davantage d’affinité avec celles de l’admirable Lucien Biton, dont la splendide bibliothèque, un de ces monuments qui paraissent et disparaissent sans que mémoire en demeure, a été une des grandes chances de ma vie. Biton lui non plus n’avait guère de place : deux ou trois petites pièces dans une maison modeste, rue du Théâtre. Et il n’avait jamais eu qu’un maigre salaire dans une banque. Mais du ras du sol au plafond dans son appartement s’éployaient les plus importants autant que les plus rares des livres qui depuis, disons, le dernier tiers du XIXe siècle, avaient étudié la pensée grecque, celle surtout des sophistes, la philosophie médiévale, le romantisme allemand, les religions et les arts de l’Inde, de la Chine et du Japon, les sociétés primitives. Il y avait dans un recoin la patrologie du Père Migne, achetée au papier quand Biton à Nantes, apprenti tailleur, n’avait que quinze ou seize ans. Sur une haute étagère c’étaient les imposants volumes des Proceedings of the Smithsonian Institution, qui ont failli faire de moi un étudiant des Indiens de l’Amérique du Nord. Et des tirés à part sans nombre, où se retrouvaient les premiers signes émis par Mauss, Lacan, Kojève, que sais-je ? Avec encore tout un ensemble de revues et plaquettes dadaïstes, surréalistes, que quelques jeunes gens venaient consulter, accueillis avec indulgence. Comment tout cela était-il arrivé rue du Théâtre ? Chaque soir, à sa sortie du Crédit Lyonnais, boulevard des Italiens, Lucien Biton, tout petit, précédé du nœud papillon qui surmontait son gilet bizarre et franchement démodé, faisait le tour des bouquinistes de la rive droite, pénétrant des arrière-cours, remuant de vieilles brochures, trouvant des livres précieux qu’il allait garder ou échanger.
Biton n’a rien écrit. Lisait-il ? Oui, puisqu’il extrayait des articles de revues vieilles ou récentes, pour les brocher et leur rendre vie. Oui, puisqu’il savait toujours, quand je le lui demandais, quel était l’ouvrage qui m’éclairerait, me formerait. Il percevait la beauté du Popol-Vuh dans la traduction d’Ernest Raynaud. Celle du Livre des morts de l’ancienne Égypte dans la traduction de Paul Pierret.
Biton lisait. Mais c’était la lecture d’une bibliothèque par elle même. La conscience de soi de ce qui, grâce à son auteur, avait accédé à l’être, et devrait donc mourir un jour, hélas, comme tous les êtres vivants. Il n’y a pas de bibliothèque idéale mais il y a des bibliothèques qui ont eu la chance de vivre.
Yves Bonnefoy
Réponse d'un ami : "c'est du japonais, et ça se lit (grosso modo) : 'rujian biton' (prononcer comme on lit). Mais bon, sans caractère, pour le coup, j'sais pas trop ce que ça veut dire..."
RépondreSupprimerVoici la réponse (transmise par une collègue de la BIULO avec vos informations) : en fait, c'est de la translittération d'un nom occidental et il fallait lire Lusian Biton = Lucien Biton, qui a effectivement laissé le souvenir d'une "splendide bibliothèque" (cf Yves Bonnefoy voir ici : http://www.gallimard.fr/catalog/Html/actu/promeneur-enquete.htm#bonnefoy).
RépondreSupprimerUn grand merci pour votre aide !